Toujours à la recherche de produits novateurs, l’industrie du photovoltaïque cherche à se réinventer avec l’introduction de stations de production solaire qui intégreraient directement une batterie. Cela n’est pas nouveau et existe depuis 10 ans. Quant est il réellement de l’efficacité et surtout du coût réel d’un tel produit en 2024?
Comment Sunology qui se présente comme le leader de la station PnP chez les particulier en est arrivé à concevoir un panneau intégrant des batteries bien trop cher mais surtout inefficace pour être rentable?
Play Max, Une nouveauté pas nouvelle.
On pourra se rappeler de Solpad avec l’annonce au CES 2017 de ses panneaux avec batterie intégrée. La vidéo de présentation est toujours visible aujourd’hui mais la société ne semble plus exister. Je crois pouvoir annoncer qu’ils n’ont en fait jamais réussi à produire quoi que ce soit de vendable.
On a actuellement Mobisun qui propose toujours son système de panneau + batterie plus ou moins transportable. C’est un panneau de 30W couplé à une batterie de 520 Wh.
Le gros avantage de ces produits étant de fournir une énergie transportable lorsqu’il n’y a plus d’alimentation disponible pour travailler loin du secteur.
Avec “Play Max” de Sunology, on se rapproche plus de ce qui est déjà disponible en regardant EcoFlow et ses batteries à placer sur un panneau simplement branchées sur une prise. La différence étant l’idée très discutable qui consiste à placer le tout à l’extérieur pour limiter les branchements et une batterie de taille ridicule comparativement à celle du panneau.
Contrairement au leader des générateur portable Ecoflow qui propose une alimentation en cas de perte du secteur, et malgré le terme “autonomie” distillé dans les pages de présentation Sunology, les stations “play Max” ont besoin d’électricité venant du secteur pour vider leur batterie. Il n’y a aucune autonomie possible avec ces panneaux.
Quels sont les avantages du système Play Max.
Sunology à été une des première société à proposer des solutions de kit de production tout en un où vous déballez un carton, dépliez un panneau et pouvez commencez à produire immédiatement.
L’avantage étant la simplicité de montage et l’aspect extérieur de l’ensemble. Les temps ont changé et il y a désormais bien d‘autres alternatives moins onéreuses.
Une bonne idée, mais non exploitée par Sunlogy
Un panneau photovoltaïque produit du courant continu et une batterie utilise aussi le courant continu pour fonctionner. Il est donc logique de privilégier l’utilisation directe de l’électricité venant du panneau plutôt que de la convertir en courant alternatif pour la reconvertir ensuite dans un pack batterie en courant continu.
Toutes les installations qui se composent de micro-onduleurs ne sont pas idéales pour la gestion d’une batterie. On aurait pu imaginer que le système Play Max présenterait au moins cet avantage d’éviter les pertes à chaque conversions.
Et bien non, Il suffit de regarder les caractéristiques sur le site internet de Sunology, pour se rendre compte que les stations de production Play Max utilisent un simple micro-onduleur Hoymiles HMS400. Il va donc, dans un premier temps, transformer le courant continu du panneau en courant alternatif pour l’envoyer dans un chargeur qui lui fera l’inverse. La juxtaposition batterie + panneau n’est pas exploitée. Les pertes sont maximales.
Ni trop chaud ni trop froid pour une batterie
Il y a deux choses que les batteries détestent : le froid et le chaud.
Le froid ayant tendance à ralentir la réaction chimique et donc la capacité disponible d’une batterie placée à une température basse. Cela signifie qu’en hiver, lorsque vous avez le plus besoin d’utiliser les batteries car l’ensoleillement est minimum, une batterie de 700 W ne vous donnera peut-être qu’une fraction de cette capacité.
Le seul avantage des basses températures est la possibilité de proposer un chargement rapide. Je ne pense pas que cela soit le cas dans ce modèle.
En effet, de l’autre côté du spectre, il est complètement déconseillé de charger une batterie si elle est trop chaude. Quand Sunology annonce que son système supporte 60 degrés, il est à peu près certain que la batterie ne se met pas en charge à cette température.
Cela à moins que Sunology ait inventé une nouvelle chimie indestructible avec du Lithium-Ion sans le dire à personne.
De plus, lorsqu’un panneau solaire produit de l’énergie, il se met à chauffer et a besoin de se refroidir pour continuer à fonctionner de façon optimale. Lorsqu’une batterie se charge, elle va aussi produire de la chaleur. Donc si vous combinez la production et la tentative de chargement d’une batterie au même moment et au même endroit; vous allez vous retrouver avec un rendement très inférieur à ce qui serait possible tant en production qu’en capacité de chargement.
Ces systèmes PnP n’étant pas autorisés à être placés sur un toit, ils vont avoir aussi du mal à se rafraîchir par simple convection. Placé sur la terrasse avec un pack batterie et onduleur derrière le panneau, vous êtes dans la pire configuration pour un refroidissement par convection.
Play Max moins rentable que Play
Au final, malgré le prix identique entre les versions PlayMax et Play, le fait d’avoir intégré des batteries va baisser votre production utilisable d’électricité.
Beaucoup ont acheté ce nouveau produit pour diminuer leur talon, et se rendre compte que leur facture a augmenté comparativement à leur ancienne station Play.
C’est complètement logique si l’on comprend comment ce produit a été conçu et ses aberrations.
Comme il vous faut plus d’électricité pour charger une batterie que pour l’utiliser, vous avez forcément une perte d’environ 30%. Ces pertes sont au niveau des conversions entre l’électricité de votre panneau qui est transformé pour être stocké dans la batterie puis restitué.
Il y a, en plus, un module de gestion qui doit consommer un peu d’électricité. Donc 30 % de perte c’est un minimum. Il faut comprendre aussi qu’une batterie en temps normal se décharge toute seule lorsque n’est pas utilisée.
Avec un système Play standard, la totalité de l’électricité disponible part alimenter votre habitation durant toute la journée.
Ici, avec une batterie de 700 W, une grande partie de cette électricité va partir à charger la batterie pendant plusieurs longues heures. Vous ne couvrez plus la consommation de votre talon pendant ce temps-là. Une partie de l’énergie va pour charger la batterie et le reste pour vous soit environ 100 W.
Avec une batterie de 700 W il faudra donc environ 5 ou 6 heures pour qu’elle soit chargée. Donc votre panneau vendu pour 400 W ne vous fournira qu’une fraction de ceci pendant le chargement de la batterie.
Vous me direz ce n’est pas grave car vous allez récupérer lorsque la nuit tombé. Oui, sauf que là, vous allez perdre 30 % sur ce que vous avez stocké donc au final c’est 30 % moins sur votre production totale.
Si vous ajoutez un prix d’achat supérieur, il n’y a vraiment aucun intérêt à passer au PlayMax sauf si vous avez reçu la station gratuitement en échange d’une vidéo.
La concurrence existe en mieux et moins cher
Il existe aujourd’hui toutes sortes de produits se branchant directement sur des panneaux pour se recharger.
J’ai par exemple testé avec succès cette petite power bank et ses panneaux repliables. La batterie est intégrée au panneau et offre une lampe de poche. Je l’utilise souvent pour alimenter un ventilateur en USB afin d’aérer mon compost.
Vous avez aussi CTECHi et autre générateur qui offrent une entrée directe pour vos panneaux solaires. Cela est parfait pour être réellement autonome en vacances par exemple. La batterie est transportable avec des prises de sortie directes en 220, 12V et USB.
Vous avez donc un commentaire sur ce générateur solaire visible dans cette vidéo. Cela me permet une petite autonomie de deux heures, le soir, après le couché du soleil pour alimenter mon bureau.
Avec “Play Max”, rien de tout cela, l’électricité est disponible uniquement si vous le branchez sur le secteur!
C’est un concept qui pense surfer sur la vague du PnP en proposant de produire après la disparition du soleil pendant quelque instants sans aucune nécessité de déclaration complexe avec le Consuel.
Chez les français, Solmate propose aussi une solution plus intelligente où la batterie peut être facilement placée n’importe où dans votre habitation.
Quelles alternatives à Sunology si vous souhaitez des batteries sur votre installation solaire ?
Alors plutôt que de partir sur le concept bancal de la batterie qui cuit au soleil; comment réduire réellement sa facture grâce aux batteries à rechargement photovoltaïque?
Si vous aimez le concept du plug and play, il est évident qu‘EcoFlow est une option géniale avec leur stations sur roulettes qui ne demandent pas de déclarations particulières. Il ont même une nouvelle gamme avec des batteries d’une taille impressionnante.
Vous les branchez sur votre installation solaire et cela fonctionne immédiatement ou presque. Les batteries peuvent être installées dans un garage et donc de façon bien plus sécurisée contre le vol et les intempéries.
Le gros avantage étant aussi la possibilité de les faire fonctionner en cas de perte d’alimentation secteur ce que Sunology n’offre pas.
Il est facilement imaginable de voir d’autres fabricants se lancer dans cette voie de batterie en plug and play directement.
Bien entendu, si vous êtes un peu bricoleur, les systèmes avec onduleur hybride vont vous permettre l’ajout de batterie à volonté à des prix bien plus intéressant que les systèmes à brancher sur une simple prise électrique. Les déclarations ne sont pas si complexes au regard des économies réalisées.
Technologie de batterie non adaptée au photovoltaïque
Une batterie ne se charge et décharge pas une seule fois par jour. Dès que l’ombre apparaît, la batterie va commencer à se décharger puis se recharger dès que le soleil réapparaît. Il est donc très important d’avoir une technologie de batterie adaptée à ce genre de cycle de charge et décharge permanent.
Avec la technologie Lithium-Ion, le nombre de cycles est assez faible avant de donner des signes de fatigue qui la rendent inutile. Alors que les système de batteries comme les Pylonthech annoncent que 6000 cycles seront atteint en 11 ans, Sunology décrit une garantie de 2500 Cycles (ou 10 ans)
Une rapide règle de 3 vous donne donc une durée de vie de vos batteries 4 ans et demi au maximum si elles ne fonctionnent correctement que pour 2500 cycles.
À contrario, les batteries Pylontech et les autres acteurs reconnus du stockage batterie utilisent une technologie lithium-iron-phosphate bien plus stable sur le long terme.
En 2024, une Pylontech de 3500Wh de capacité, vaut juste le double de la version 700 W Li-On de Sunology, c’est juste 5 fois plus cher pour une technologie dépassée…
Une capacité de chargement bien optimiste
Il est aussi important de ne jamais décharger complètement une batterie, donc avec une puissance de 700 W, vous aurez en fait plus tôt 500W utile avant qu’elle arrête de vous fournir de l’électricité.
Il suffit de regarder les caractéristiques pour se rendre compte que le calcul du temps de fonctionnement ne tient pas compte de ce paramètre essentiel.
Avec une batterie de 200 watts/heure, vous ne pouvez pas alimenter une charge de 50 watts pendant quatres heure sur une technologie lithium-ion. Il y a des pertes à la conversion, et votre batterie ne peut pas être déchargée complètement, donc le système s’arrêtera sans doute bien avant ces 4h.
Il est plutôt généralement admis qu’une décharge à 70 % de la capacité est le point optimal avant d’avoir une très forte dégradation de ses capacités de chargement.
Il est donc complètement impossible d’avoir un appareil de 80 watts alimentés pendant 10h avec une batterie de 800 Wh comme cela est indiqué sur leur site internet.
Un panneau photovoltaïque de 400 W ne produit pas 400 W
Dans le même genre d’annonce sujette à confusion, vous avez la puissance du panneau annoncée qui ne sera jamais atteinte. Le panneau ne pouvant pas, à la fois, charger les batteries et vous fournir cette puissance. En plus, vous allez avoir des pertes de conversion. Il est probable qu’un panneau de 700 W ne fournisse que 200W lorsqu’il charge sa batterie.
Il n’est d’ailleurs pas clair dans les explications si la batterie se charge en priorité ou uniquement sur le surplus de production. Comme il s’agit d’un plug and play, je ne vois pas bien comment le panneau photovoltaïque pourrait savoir si vous êtes en situation de production de surplus ou pas car il n’a pas accès aux informations venant de votre compteur Linky. Donc, il va en priorité charger la batterie plutôt que de vous fournir de l’énergie.
C’est un nouveau problème. C’est uniquement lorsque la batterie sera pleine que vous allez pouvoir utiliser le panneau à une valeur plus importante. La gestion du surplus est loin d’être optimal comme avec un simple routeur à 50 euros.
Vous allez décaler la production d’autant de temps ou presque de ce que vous avez utilisé la veille. Une batterie se chargent plus lentement qu’elle se décharge.
En début de journée, au lieu d’utiliser le surplus avec un soleil faiblarde, vous allez perdre cette énergie pour recharger les batteries. Mais à midi, lorsque le soleil est au maximum et la batterie chargée, là, enfin vous disposer de la totalité de l’énergie qui sera bien inutile à ce moment.
J’espère que l’application permet d’ajuster ces paramètres, ce serait mieux que rien.
Le retour sur investissement est impossible.
Avec des batteries d’une durée de vie proche des 4 ans et demi, c’est bien trop court pour vous rembourser ne serait-ce que le prix d’achat. Même dans des conditions surréalistes d’un ensoleillement parfait tous les jours permettant la recharge. 500Wh x 365 x 5 ans donne 912kW ce qui revient à 200 euros au tarif d’aujourd’hui. La batterie étant vendue 700 euros, il n’y a aucune possibilité de faire des économies avec un tel investissement. En imaginant le doublement du prix du Kilowatt, vous n’y êtes toujours pas.
Que vous placiez la durée de vie ou la capacité dans l’équitation, en aucun cas vous n’arrivez à la rembourser dans les 5 ans. Alors parler d’économie sur la facture, c’est aussi utopique que de parler d’autonomie.
C’est joli sur le papier, mais cela ne fonctionne simplement pas.
Il est vraiment dommageable de voir le nombre de chaînes Youtube qui reprennent sans réfléchir les chiffres donnés par le constructeur. Encore une fois; qu’importe ce que l’on dit tant, que quelqu’un écoute, cela rapporte de l’argent.
Il est à noter que dans mes calculs, je ne parle que du prix de la batterie à 700 €, mais il est évident que vous devez en plus acheter pour 800 €, le panneau et son onduleur + chargeur. Aussi étrange que cela puisse paraître, il n’y a aucun surcoût entre le système “play” et “play max” si vous ne prenez pas de batterie.
Pour référence, le même micro-onduleur Hoymiles HMS400 se trouve à 150 € contre un panneau n’en vaut que 100, donc vous payez 550 Euro le support dans un kit “Play”, il a en effet intérêt à être super fonctionnel pour le prix.
Pourquoi un panneau solaire avec batterie existe ?
Avec autant de points négatifs qui empêcheront un fonctionnement idéal des batteries si elles sont placées derrière un panneau solaire, il est légitime de se demander pourquoi un tel produit existe.
La réponse tient en une seule phrase : ” fabriquer ce qui se vend; pas ce qui marche”.
C’est-à-dire que tant qu’il y a des clients prêts à acheter, il ne faut pas se priver de proposer un produit même s’il ne vous coûte plus qu’il vous rapporte. De toute façon, le client cible de ce genre de produit n’est pas quelqu’un qui a des connaissances techniques importantes dans la gestion des batteries sur panneaux solaire. C’est d’ailleurs pour ceci qu’il choisit ce kit de production simple à brancher.
Vous avez dans le même genre de fables, tous ces sites qui vous annoncent que vous allez pouvoir faire des économies d’énergie en achetant leur radiateur électrique à inertie thermique.
Quel avenir pour les panneaux solaires avec batterie intégrée ?
Le prix du kilowatt-heure augmentant assez rapidement ces derniers mois, le fait de proposer des produits soi-disant novateurs fait partie d’une démarche commerciale logique.
J’espère simplement que la présence d’esprit des futurs acheteurs sera de faire un rapide calcul en ne se fiant pas à simplement les données bien trop optimistes du constructeur.
On peut d’ailleurs voir aujourd’hui des offres de kit plug and play sans avoir besoin de l’attestation Consuel qui concurrencent directement les fabricants comme Sunology. Les années à gros bénéfice sont sans doute derrière plutôt que dans le futur pour ce genre de constructeur.
À moins de la découverte d’une technologie batterie qui accepte d’être placée sous de fortes chaleurs tout en offrant des cycles de fonctionnement proche des 6000; il est évident que ce genre de station de production n’a pas un avenir radieux.
Un rapide coup d’œil aux commentaires sur les vidéos YouTube présentant le produit vous convaincra sans doute de ne pas vous laisser tenter par un achat inconsidéré.
Je ne serai pas surpris de ne plus voir au catalogue de Sunology ce produit dans un an et me demande ce qui en sera de la garantie annoncée de 10 ans sur les batteries.
Remarques importantes sur cet article
Cette gamme Sunology “Play” et “Play Max” n’a apparemment aucun lien avec la gamme “Play” proposé par Durex et leurs lubrifiants intimes pour faciliter les pénétrations douloureuses…
Toutes les marques et noms déposés cités appartiennent à leurs propriétaires exclusifs.
N’hésitez pas à me contacter si vous pensez que je fais des erreurs de calculs dans les chiffres annoncés ou si vous souhaitez m’envoyer pour test une station Play pour une vraie review non biaisée. (Et je prend aussi tout envoi de Playstation….)
